Depuis plusieurs années, le Centre de services scolaire des Rives-du-Saguenay (CSSRDS) met en place des actions visant à soutenir la persévérance scolaire et la réussite éducative des élèves des Premières Nations et Inuit. En continuité avec cette mission, un projet-pilote de trois ans a été lancé à l’automne 2022 en collaboration avec le ministère de l’Éducation. Les objectifs de ce projet sont la sensibilisation à leurs cultures, la reconnaissance de leur identité et la prise de conscience concernant les enjeux actuels.
On parle alors d’autochtonisation de l’ensemble de l’organisation. Cela se traduit par des milieux de vie accueillants, un volet pédagogique et une organisation scolaire qui valorisent les peuples autochtones, leurs cultures, leurs langues et leurs connaissances. Pour concrétiser cette orientation, le CSSRDS s’est doté d’un logo significatif qui permet d’identifier et de rassembler ses initiatives en autochtonisation.
Un accueil signifiant tout au long du parcours scolaire
Tout a commencé en 2014 par le projet Mamu, qui signifie « Vivre ensemble » en innu-aimun, offert aux élèves autochtones de la Formation générale des adultes (FGA). Bénéficiant de leur propre local pour se rassembler, d’un tipi dans la cour intérieure et de plusieurs éléments leur permettant de faire rayonner leurs cultures, les élèves de Mamu y développent un fort sentiment d’appartenance avec d’autres élèves autochtones. C’est le cas pour Marie-Philippe qui est fière d’être dans une classe où elle se sent à sa place et où elle n’a pas l’impression d’être jugée ni catégorisée, ce qui la motive dans son parcours scolaire. Mamu c’est aussi une approche personnalisée qui passe par du soutien, de la différenciation pédagogique, des cuisines collectives, des sorties sportives et des enseignants qui se déplacent directement dans leur classe.
Puis, Petapan, qui signifie « À l’aube » en atikamekw et en innu-aimun, est un projet éducatif spécifique au primaire qui est né en 2016 de consultations avec les parents d’enfants autochtones. À l’école primaire Des Quatre-Vents, on retrouve donc des groupes entièrement composés d’élèves autochtones au préscolaire, au premier et au deuxième cycle. Puis, au troisième cycle, les élèves sont accueillis dans des classes mixtes. Tous les élèves ont des cours de spécialité ensemble, ce qui favorise la création de liens significatifs avec les élèves des autres classes. Le projet Petapan se reflète dans l’ensemble de l’école qui est aménagée avec des éléments visuels autochtones et où des services supplémentaires sont offerts. L’ensemble des élèves et les membres de l’équipe-école sont sensibilisés aux cultures et aux réalités autochtones et ils vivent plusieurs activités culturelles, dont la première édition de l’initiation au pow-wow.
Afin de s’assurer que les élèves des Premiers Peuples puissent retrouver un lieu d’appartenance à tous les niveaux de leur parcours scolaire, le local d’accueil Mitshuapiss-Mikiwamicic a vu le jour à l’école secondaire de l’Odyssée-Lafontaine. Ouvert à tous et à toutes, cette « Petite maison » est un lieu propice aux rencontres et aux discussions où des intervenants sont aussi disponibles.
Soutien et accompagnement : une priorité
Le projet-pilote en autochtonisation peut compter sur un comité consultatif composé à parts égales d’autochtones et d’allochtones. Le comité a regroupé les actions du projet selon quatre axes dont le premier est Soutien et accompagnement. Une équipe multidisciplinaire a donc vu le jour pour accompagner les équipes-écoles et les centres dans la mise en place de pratiques et d’interventions sociales et pédagogiques à privilégier auprès des élèves des Premiers Peuples.
Les membres de l’équipe ont entre autres adapté du matériel pédagogique et développé un Sharepoint (plateforme de contenu) spécifique pour l’autochtonisation qui rassemble de la documentation pertinente et qui est disponible pour tous les employés.
Un autre outil novateur a été réalisé par Stéphanie Guay, travailleuse sociale en autochtonisation au CSSRDS, et Patricia-Anne Blanchet, conseillère en pédagogie autochtone à l’Université de Sherbrooke, ainsi que leurs partenaires. Il s’agit d’un guide d’accompagnement de pictogrammes culturellement signifiants pour les enfants issus des Premiers Peuples. Ces images sont un support visuel nécessaire lorsque la communication est difficile en raison de la langue ou encore dans les routines quotidiennes des enfants à l’école. Les pictogrammes peuvent aussi être utilisés en petite enfance, en santé, dans les communautés autochtones, etc. Financé par la Fondation Jasmin Roy et Sophie Desmarais, le guide est un outil libre de droits et gratuit qui est disponible sur le site de la fondation.
Faire rayonner les cultures autochtones
Le deuxième axe du projet-pilote s’oriente autour de la Sensibilité culturelle, identité autochtone et enjeux actuels. Le service de prêt de livres d’auteurs et d’illustrateurs autochtones s’inscrit dans la lignée de cet axe et permet de sensibiliser les lecteurs aux cultures et réalités des Premiers Peuples. Les livres disponibles s’adressent à toutes les catégories d’âges et peuvent être prêtés aux élèves, à leurs familles et aux employés. Rendez-vous sur la page Facebook du service pour toutes les informations ou communiquez avec Mariline Francoeur par téléphone au 418 698-5000, poste 6182 ou par courriel au mariline.francoeur@csrsaguenay.qc.ca.
Page Facebook du prêt de livres
Pour sensibiliser et mieux comprendre les enjeux et réalités autochtones, le CSSRDS a intégré la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation du 30 septembre et la Journée nationale des peuples autochtones du 21 juin à son calendrier scolaire officiel. De plus, de nombreuses activités culturelles ont lieu pendant l’année dans nos différents milieux.
Afin de faciliter et de diversifier les moyens de communication, une nouvelle page Facebook dédiée à l’autochtonisation a aussi été créée. Cette page permet de suivre le développement du projet-pilote, de découvrir toutes nos activités et de contacter l’équipe.
Page Facebook autochtonisation
Une vision globale
Le projet-pilote en autochtonisation voit encore plus loin que les actions réalisées dans le cadre scolaire et vise avec son troisième axe, Collaboration et partenariat, des répercussions sur l’ensemble de la communauté. Déjà, de nombreux partenaires se sont joints au mouvement en ouvrant leur porte, en finançant ou en soutenant des activités. Ce travail d’équipe à grande échelle nous ramène à la symbolique de la bernache dans le logo de l’autochtonisation, qui valorise la collaboration.
Le dernier axe, intitulé Insertion et rétention professionnelles des travailleurs des Premières Nations et Inuits, permet de mettre en lumière cet enjeu dans notre propre organisation. De la formation offerte au personnel du Service des ressources humaines à l’embauche d’employés autochtones, cet axe du projet propose des actions plus spécifiques au marché du travail.
Le Centre de services scolaire des Rives-du-Saguenay a à cœur ce projet d’autochtonisation. Il en reconnait l’importance ainsi que les impacts positifs que la mise en place de ces actions a pour les élèves autochtones. En espérant que ces initiatives nous mèneront sur la voie de la guérison et de la réconciliation.